Je remonte ce sujet car je reviens bientôt avec la suite des refléxions (un an après) …
Fév 2016 : Je sors d’une superbe formation express sur les nouveaux programmes de la maternelle. C’était très très intéressant. On y retrouve une certaine continuité avec les « anciens » programmes mais aussi beaucoup de nouveautés. Cette nouvelle carte d’identité de la maternelle me plait ! Hum, cela me tenterait bien même ! Allez, je vous détaille tout cela, vous êtes prêt(e)s ? :Happy-Grin:
Les principes :
Les recherches cognitives, des neurosciences et didactiques font consensus dans la communauté de chercheurs. Les principes s’inscrivent dans une cohérence maternelle/collège (en terme de programmes et d’évaluation). L’école maternelle se veut favorable :
- Au développement sensoriel, moteur, social et cognitif,
- Au développement de l’estime de soi et des autres.
- Au développement de l’envie et du plaisir d’apprendre
- Au rééquilibrage de 2 modèles pédagogiques (on ne choisit pas entre le développement et l’apprentissage, l’un ne va pas sans l’autre).
– le modèle du développement est centré sur l’enfant (pays du nord de l’Europe). L’apprentissage est indirect, incident, grâce à un aménagement dû au contexte (donc non programmé).
– le modèle directif est didactisé avec l’intervention de l’enseignant qui a des objectifs (apprentissage structuré).
1/ L’aménagement de la classe
Fini les grandes tables et les places individuelles qui primarisent les classes de maternelle. On sort toutes les tables ! enfin presque…. Celles qui seront gardées permettront d’organiser des pôles ou coins. Voici quelques exemples :
- le coin du schéma corporel (avec puzzle du corps, graphisme sur le bonhomme etc…)
- le coin scientifique (jeu avec des loupes, des aimants, transvasement de récipients, bac à eau, élevage…)
- le coin cuisine (proche du coin bébé en PS)
- le coin garage
- le coin jeux de construction
- le coin graphisme
- le chevalet (toujours à disposition, toujours prêt, un dessin peut être fini en plusieurs fois, ou plus tard dans la journée)
- le coin « art » + création
- le coin « motricité »
- le coin ferme
- le coin découpage/collage
- …
Certains coins seront préparés minutieusement par l’enseignant : Par exemple, le PE aura préparé un scénario dans le coin ferme ou dans le coin cuisine (table de 4, animaux placés précisément…) De cette façon, l’enfant qui prend possession du coin, pourra poursuivre l’histoire commencée.
2/ Une nouvelle didactique
Les temps collectifs sont réduits et réservés aux comptines, chants, histoires, les activités qui renforcent la communauté d’apprenants.
La question du rituel est remise en cause : le temps/la date, le comptage/numérotage (ce n’est pas une approche du nombre), la météo (sauf si travail sur l’habillement) n’ont pas de sens pour les enfants de cet âge.
Le travail en ateliers (avec des groupes de couleurs) ne permet pas d’affirmer l’autonomie de l’élève et la prise d’initiative.
Le langage se développe bien si les domaines d’activité sont riches.
Les petits élèves ne sont pas des exécutants de tâches et peuvent donc exercer des choix justifiés d’action (en particulier en arts visuels).
L’apprentissage en autonomie est favorisée avec des activités organisées avec au minimum 1 élève et au maximum avec 6.
La résolution de problème (ou situation-problème) est au programme. Ex : L’activité qui consiste à trouver comment vider le bac à eau sur un temps donné (avec un sablier) avec différents récipients (percés grands/petits, avec bouchon ou non) et à plusieurs va permettre de travailler la coopération, la répétition, l’essai et l’erreur…
3/ La manière d’apprendre de l’enfant de maternelle :
- observation,
- imitation
- répétition
- essai et erreur
Pour imiter, il faut 2 objets identiques. Tout devrait être en double pour éviter les conflits. Il faut développer les interactions langagières et permettre à l’élève de réussir plusieurs fois une même activité. La répétition renforce l’estime de soi, permet à l’enfant de comprendre sa démarche. L’enseignant favorisera les moments où l’élève mettra en mots le « comment il a réussi ». « L’essai et erreur » se développe davantage chez les 4/6 ans.
4/ Cas des 2/4 ans
Il y a donc 2 temps : les 2/4 ans et les 4/6 ans. Le changement vient quand l’enfant dit « je ».
Le plus gros changement se situe sur la tranche d’âge des 2/4 ans.
L’enseignant doit jongler entre autonomie et responsabilité : l’enfant quant à lui, doit reconnaître et répondre à ses besoins (savoir quand il a soif, quant il a besoin d’aller aux toilettes par exemple). Le passage aux toilettes « tous en même temps »(avec le petit train collectif) va même à l’encontre. .
Pour l’enseignant, l’accent est mis sur le langage « On parle avec, et non on parle à… » et l’imitation (2 poupées identiques…). Cf V. Bouysse
5/ Le carnet de réussite ou de progrès
Le « devenir élève » n’existe plus. L’enfant apprend avec ses pairs en faisant vivre des projets partagés. On repousse l’évaluation normative à école élémentaire. C’est une évaluation formative : éviter les marques (bonhommes, ..). On s’orientera sur un dialogue avec l’élève sur ce qu’il sait faire, ce qu’il a fait pour progresser.. C’est une prise de conscience des réussites de l’élève adressée aux parents.
Ce n’est pas un livret avec des vignettes illustrées. Il doit traduire une situation en apprentissage, en compétences. Le carnet n’est donc pas un outil déjà construit avec toutes les vignettes.
On peut choisir un cahier réalisé avec des feuilles blanches A3 ou un cahier petit format. L’enseignant prend en photo les réussites des élèves en photos. Celles-ci sont collées dans le cahier avec l’élève qui verbalisera ses réussites. Selon les attentes des IEN, il sera probablement demandé de coller les attendus. Dans tous les cas, l’adulte écrira de manière manuscrite les propos de l’enfant et explicitera les actions en compétences. Ces dernières ne sont pas toutes équivalentes et il est souvent difficile de les traduire en compétences.
Pour cela, l’enseignant doit s’outiller de grilles d’observables. Par exemple, il se fabriquera une grille dans laquelle il notera le nombre de fois où chaque enfant a ouvert son cahier de réussite…Les outils du PE ne doivent pas être trop structurés, sans surcharge. On pourra organiser le cahier de suivi en classant les progrès par domaine ou par compétences. Il n’y aura pas de trace des actions intermédiaires. Il n’y a pas de croix à cocher puisqu’on retomberait dans la « norme ».
Il est important que l’enfant s’identifie à l’image qui est collée dans son cahier (d’où l’intérêt d’une photo de lui-même). Reste à régler le problème du différé.
C’est un peu la fin de la programmation (il n’y a pas de petit, de moyen et de grand). Les progressions seront centrées sur l’enfant : on programme leurs apprentissages mais les enfants ne sont pas au même niveau dans les progressions.
Il y a une synthèse nationale qui renseigne pour le CP.
6/ Des ressources d’accompagnement
Les programmes étant un peu synthétiques, des documents d’accompagnement sont proposés sur le site EDUSCOL
- dossier langage
- graphisme
- écriture
- les moins 3 ans
- explorer le monde
- le jeu
- l’évaluation
Merci à notre IEN spécialiste de la maternelle pour cette formation extrêmement riche et passionnante.
Cela ressemble beaucoup à ce que Céline Alvarez à fait à l’école de Gennevilliers !!
En tout cas, tant mieux si tout cela dans le sens du développement des petits enfants. Et c’est vrai que cela donne envie d’essayer. Peut-être qu’un jour je me laisserai tenter.
Oui, c’est clair…
Idem pour moi, peut-être un jour…
Et bé y’en a fallu du temps!!!!!!!
Tu y vas à la rentrée ?
La théorie est très belle et on ne peut être que d’accord, mais la pratique reste difficile à mettre en place surtout avec des classes à 31 en cours double…De plus, il faudra du temps pour changer nos pratiques et faire comprendre tout cela aux parents. J’ai déjà moi-même amorcé quelques changements et j’essaye de faire de l’individuel dans le collectif mais c’est difficile. On manque d’outils pratiques et de formations. Mais je suis d’accord avec ces principes! Y a plus qu’à remonter nos manches!
Bon courage
Autant ça a changé dans l’approche, autant les programmes en eux-mêmes et leurs documents d’accompagnement en sont fonctionnels. C’est une horreur, tout autant qu’avec ceux de 2008, pour pouvoir mettre en place une progression et une programmation. Ma femme s’arrache les cheveux là dessus, et les « animations » ne sont pas du tout utiles en ce sens. Ces programmes sont très romancés, très expliqués, mais on n’y fait pas figurer de progressivité des apprentissages.
Les documents d’accompagnement vont s’étoffer sur EDUSCOL..
Pour moi, le plus difficile est le recensement des ressources dans les classes, les aménagements à faire sur place surtout si la classe est petite puis tous les documents que l’enseignant va se créer…
c’est bien joli tout ça mais que fait-on avec une classe GS CP ? et quel choc quand les élèves de maternelle vont arriver en CP où on leur demande d’être assis à une table … parce que les programmes du cycle 2 n’ont pas pris en compte la demande des programmes du cycle 1.
ça changera aussi au cycle 2.. on fait également plus d’ateliers au cycle 2 …donnons la chance à ces nouveautés
L’école maternelle publique de mes enfants pratique déjà cette mise en place. Avec 4 classes double tps/PS, PS/ ms et 2 ms/gs de minimum 30 élèves par classe.
Les enfants choisissent une activité en arrivant en s’inscrivant au tableau avec leur étiquette (même les tps car ma fille qui n’a pas encore 3 ans le fait déjà sans aucune difficulté). Puis ils vont au coin choisi. Les différents « coins » sont proposés toute la semaine. Les enfants ont donc la possibilité de s’inscrire comme ils le souhaitent à l’ensemble des activités et doivent toutes les faire. Pour cela, les ms et les gs possèdent des fiches hebdomadaires. Ces fiches sont composées de tous les ateliers de la semaine avec trois étapes à réalisées par ateliers. Ces étapes sont facilement identifiables par chaque élève car chaque étape est représentée par une photo du résultat attendu. Les élevés doivent faire valider les étapes par l’enseignant. Selon le niveau et l’objectif de l’élève autonome, il lui est possible de recommencer une deuxième fois un atelier s’il estime que son objectif n’est pas atteint.
C’est grâce à ce système que les élevés progressent à leur rythme.
En intégrant cette école (suite à un déménagement), mon fils a énormément apprécié cette approche. Il s’est épanoui et a appris à aimer l’école. Il s’est enfin révélé lui même et grâce à une enseignante formidable, il a ete soutenu et a développé ses compétences. Tous les élèves , avec ou sans difficultés, peuvent comprendre, apprendre et s’amuser en étant maître de leur évolution.
Ce système est vraiment génial. Je ne regrette pas d’avoir changé de ville !
Le passage en cp se fait sans difficulté car les enfants ont déjà appris à rester à leur place lors des ateliers ! De plus, ils ont acquis une autonomie sur le travail, véritable qualité pour toute leur future scolarité…
Merci Cyrielle pour ton témoignage, top
Merci pour cette article vraiment bien résumé et oui, vive les nouveaux programmes 😀
Je te remercie. je me pose vraiment la question pour dans 2 ans … je vais réfléchir à la lumière de ton article et des commentaires, merci.
Merci beaucoup pour cet éclairage et ces nouvelles pistes. C’est quand même bien intéressant cette approche même s’il y a sans doutes des difficultés techniques pour lesquelles les enseignants trouveront des solutions … Merci!
Avec plaisir
Salut ma Lala, Tu m’as demandé plus haut (il y a 2 ans quand même) si j’y allais et bien c’est fait, j’y suis et j’ai bien l’intention de mettre en place cette pédagogie qui va donner du souffle à la maternelle….Par contre je ne suis pas sure que ça plaise….