Adepte des cartes mentales, je pose mes réflexions et mes recherches dans cet article. Ce dernier pourra évoluer.
En quoi la carte mentale serait-elle un outil pour apprendre à apprendre ?
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La carte mentale (ou heuristique) est avant tout une trace écrite. Elle peut être un instrument de pensée ou un levier dans les apprentissages. Elle permet de travailler de nombreuses compétences.
Les compétences visées
Voici une liste de compétences :
Maîtrise de la langue (compétence 1)
en lecture : dégager les idées essentielles, manifester sa compréhension, savoir lire/relire les mots clés en contexte, analyser les concepts essentiels, leur organisation et la façon dont ils sont interconnectés
en écriture : écrire lisiblement, travailler l’orthographe de certains mots clés
en vocabulaire : choisir le(s) mot(s) nécessaire(s) à l’expression de sa pensée
en expression orale : savoir lire et favoriser une pensée précise, rendre compte d’un travail, reformuler les mots clés en adaptant sa prise de parole
Les principaux éléments mathématiques (compétences 3)
Principalement, dans l’organisation et la gestion des données : apprendre à trier les données, les classer, à lire ou à produire des graphiques et à les analyser
Maîtrise des techniques usuelles de l’informatique et de la communication (compétence 4)
– créer, produire, traiter des données
– utiliser des outils (logiciel, services) en accord avec les règles (propriété intellectuelle, images)
Autonomie et initiatives (compétence 7)
– connaitre les processus d’apprentissage, ses propres points forts et faiblesses
– s’appuyer sur des méthodes de travail (organiser son temps et planifier son travail, prendre des notes, se concentrer, mémoriser, exposer)
– être capable de raisonner avec logique et savoir rechercher l’information utile, la trier, la hiérarchiser, l’organiser, la synthétiser
– savoir s’auto-évaluer
– communiquer, échanger
Les utilisateurs
L’enseignant
* Lorsque je me suis tournée vers les cartes mentales, j’ étais la première utilisatrice. Je m’en suis servie pour mieux cibler mes objectifs dans la préparation de mes séances en histoire. En effet, ne voyant pas où j’allais, j’organisais le contenu en carte mentale comme un guide, une méthodologie.
Certaines de ces cartes ont finalement été utilisées en trace écrite. C’est la cas de la carte mentale du Moyen Age par exemple qui est devenue la page de présentation de cette grande période historique. Nous l’avons observée tout au long des séances. A la fin, nous l’avons analysée pour en faire ressortir les grandes lignes. |
* En début d’apprentissage, c’est l’enseignant qui « fait » les cartes (les deux premières). Les élèves doivent s’approprier l’outil. Le maître les guide pour comprendre les caractéristiques, avant de les laisser en autonomie.
Les élèves
* Ces derniers, une fois le principe en main peuvent créer les cartes mentales. On peut commencer avec des cartes à compléter dans lesquelles il y manquera certaines connaissances ou certains liens qui devront être complétés par les élèves selon des critères définis par l’enseignant. Ce type de carte permet de guider davantage les élèves et éviter qu’il ne se perdent trop.
On pourra, en fonction du «degré de guidage» proposer aisément des contenus différenciés. C’est le cas avec mon élève dyslexique par exemple.
* En début d’apprentissage, on proposera aux élèves d’organiser des concepts ou notions donnés par l’enseignant sur une carte dont l’ossature est déjà établie, les notions ou concepts étant listés au tableau. Ce travail permet aux élèves de se concentrer sur l’organisation des idées.
* Les élèves doivent pouvoir construire entièrement les cartes mentales : liens et notions devront alors y être apportés. Ce type d’activité vise souvent la compréhension de notions, la prise de notes, la mémorisation, le résumé ou la synthèse. L’usage des cartes mentales entraîne une réinterprétation du discours « source », conduisant ainsi à une action qui favoriserait l’apprentissage par la compréhension et la mémorisation par l’action.
A quel moment dans l’unité d’apprentissage ?
L’usage de la carte mentale peut s’intégrer à différents moments d’une unité d’apprentissage :
- En amont d’une séquence tout d’abord : elle peut être une forme d’évaluation diagnostique, un moyen de faire émerger les représentations des élèves, mobiliser leurs idées… La carte est alors un préalable à l’introduction de notions nouvelles.
- Au cours de l’activité : La construction de la carte peut également en être le coeur même. C’est à l’aide de la carte que se construisent les apprentissages (comme avec la prise de notes en carte mentale par exemple). En phase d’institutionnalisation, l’enseignant partira des constats faits lors de la synthèse, utilisera les mêmes mots et proposera aux élèves de les organiser en carte mentale, comme outil de la pensée (les leçons en EDL par exemple).
- En fin de séquence : la construction de la carte peut venir clore une activité permettant ainsi de synthétiser, rassembler et réorganiser les connaissances acquises afin de les mémoriser ou de les réinvestir. Elles peuvent également faire l’objet d’une évaluation sommative. En autonomie, les élèves peuvent utiliser l’outil carte mentale pour synthétiser les leçons classiques pour mieux les mémoriser ou les restituer.
Collective ou individuelle
Les deux apprentissages sont pertinents et sont choisis en fonction des objectifs à atteindre. Voici une séance où le deux sont privilégiés :
– travail individuel actif de l’élève autour d’un thème choisi (chercher les mots associés à l’idée de départ)
– travail collectif oral d’argumentation et de synthèse (défendre son idée, tenir compte des idées des autres, se les approprier et les reformuler)
– Construction collective d’une notion en carte mentale
– Carte mentale individuelle en guise d’évaluation sommative
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Différentes activités peuvent être menées collectivement pour entraîner l’élève à mieux appréhender l’outil (relire une carte mentale, catégoriser, organiser ses idées, donner les idées essentielles de documents sources etc..).
Il est cependant nécessaire que la trace écrite finalisée en carte mentale reste un travail individuel : chaque apprenant aura le souci de l’organiser selon son mode de fonctionnement, ses idées esthétiques en respectant le contenu proposé.
Outil pour apprendre à apprendre
Apprendre à apprendre, c’est
– d’un point de vue psychologique : se connaître soi-même (psychologique, biologique , intelligences multiples)
– d’un point de vue cognitif : réguler l’action (savoir réfléchir, la mise en évidence de stratégies cognitives ou métacognitives)
– d’un point de vue social : interagir ( communication, réseaux et ressources)
– une certaine autonomie
Quelles sont les stratégies cognitives ou métacognitives travaillées avec les cartes mentales ?
♦ recourir à des ressources matérielles ou humaines
♦ catégoriser
♦ prendre des notes
♦ déduire/induire
♦ utiliser ses connaissances antérieures
♦ personnaliser
♦ utiliser une image mentale
♦ résumer
♦ substituer/paraphraser
♦ planifier/se fixer des buts
♦ prêter attention à une information précise
Voici un document (je ne sais plus où je l’ai emprunté) qui détaille ces stratégies. CLIC
Avantages de l’outil
– plus de concentration dans la réalisation
– document plus clair, plus rapidement accessible car visuel, effet de liaisons, catégorisation
– créativité et innovation
– gain de temps (mémorisation)
– efficacité dans l’apprentissage (mémorisation, restitution, planification)
– Aide précieuse pour certains enfants dyslexiques
Version papier ou numérique ?
Les cartes mentales en version papier sont rapides d’utilisation. Les élèves se les approprient plus facilement. L’inconvénient principal réside dans le fait que l’élève ne peut pas raturer et ne peut plus réorganiser ses idées en cas de modification. Il n’a le droit qu’à un seul jet. En revanche, la version numérique le permet. L’adaptation au logiciel peut être longue. Les élèves vont néanmoins développer des compétences dans ce domaine. Le travail sera évolutif.
Personnellement, en classe, je ne travaille qu’en version papier car je n’ai pas les outils pour travailler en version numérique.
Quelques logiciels : freemind, Xmind, Imindmap….
Mes cartes mentales sont réalisées à l’aide de PUBLISHER.
1/ VAL10 Dimanche 1er Mars à 12:10
Très intéressant ton article. Je n’utilise pas encore de cartes mentales, comme j’ai changé de niveau et d’école l’an dernier, je reconstruis tout au fur et à mesure. Mais j’y songe. Je me dis que ton projet « un mot des mots » s’y prêterait bien, avec le mot au centre de la feuille puis autour définition, nature du mot, le mot dans une phrase, le champ lexical, les mots de la même famille, synonymes, antonymes, homonymes, etc …, cela changerait un peu de la fameuse marguerite …
2/ IsaLM Dimanche 1er Mars à 16:33
Merci d’avoir pris le temps d’écrire cet article qui alimente ma propre réflexion en la matière…
Je suis attirée depuis longtemps par cette manière d’aider nos élèves à apprendre mais je n’ose pas encore me (les…) lancer dans les cartes mentales, peur de ne pas savoir faire correctement sûrement…
Je vais y réfléchir de nouveau du coup !
3/ emapi Dimanche 1er Mars à 18:11
Oui, merci Lala pour cet article très intéressant. Apprendre à apprendre, c’est un peu mon « dada » et j’ai découvert grâce à ton blog l’étendue des possibles des cartes mentales…ça donne du grain à moudre… MERCI!
4/ Catou34 Dimanche 1er Mars à 22:13
Merci pour cette réflexion, très interessante, comme toujours! ^^
5/ Mélimélune Mercredi 4 Mars à 23:36
Merci pour cet article très riche. Faut vraiment que je m’y mette. Vraiment. Personnellement. Bref.
6/ brown bear Jeudi 5 Mars à 18:44
Comme toujours c’est une belle réflexion qui me fait réfléchir. Je m’y mets depuis peu avec mes petits. Bravo ma marraine ! 🙂
7/ Lala78 Samedi 7 Mars à 20:32
Je vais peut-être faire une anim péda sur le sujet l’an prochain.. J’attends la confirmation. Je vous y invite en VIP
merci pour vos messages
8/ Farfa Lundi 9 Mars à 21:37
Super intéressant ton article! Ta réflexion devient vraiment aboutie sur cet outil, c’est très enrichissant de te lire!
J’ajouterai un inconvénient aux cartes papier: le repérage dans l’espace de la feuille. Avec des DYS ou élèves en grande difficulté, ça me pose souvent problème.
9/ Ciboulette Mardi 17 Mars à 21:42
Bonjour,
J’ai découvert les cartes mentales il y a deux ans et ce fut un vrai déclic pour moi. Je les ai mises en pratique dans ma classe très rapidement en synthèse en fin de séances, notamment en histoire, éducation civique et en grammaire. Les élèves ont bien accroché et arrivent assez rapidement à faire les faire eux-même. Je leur ai aussi demandé d’acheter des stylos « pour la carte mentale » (stabilo point 88) : un gros succès !!!! Le revers de la médaille, c’est que j’ai tout de même du mal à « accepter » qu’ils n’aient pas tous la même et cela se termine souvent par une carte mentale collective synthèse de leurs cartes mentales personnelles (faites au brouillon) que je fais au TBI avec le logiciel freemind et que j’imprime ensuite pour chacun. Mais cela donne un résultat formaté avec la perte du plaisir de bien écrire, de choisir ses couleurs, une rigidité dans la mise en page… et du coup beaucoup moins de plaisir et d’envie et petit à petit nous en faisons de moins en moins. Est-ce que ce soucis concerne aussi d’autres enseignants ?
10/ Chaloulou Samedi 28 Mars à 18:18
J’ai suivi un cours sur ce sujet mais c’était encore un peu flou pour la gestion. Grâce à ton article, je vois bien plus clair. Merci pour ce partage!
11/ guenille Lundi 27 avril
De retour en CM 2 et sur une nouvelle école, je me penche sérieusement sur les cartes mentales que j’ai découvertes récemment. Je commence peu à peu à utiliser la carte mentale qui me semble un formidable que je ne maîtrise pas encore. Merci de toutes tes réflexions
Ciboulette : la plupart du temps, ce sont mes élèves qui font leur propre carte car ils doivent vraiment s’emparer de l’outil… Mais il arrive parfois que je donne une carte avec les branches faites (un peu à trous) ou toute faite. Cela dépend du temps imparti et des besoins/objectifs de la séance…. Je ne sais si cela répond à ton interrogation…
Chaloulou et guenille : c’est avec plaisir, merci pour vos messages
:Happy:
Bonjour.
Génial tes cartes mentales. J’adore et je pense les faire à la rentrée. Par contre, je ne suis absolument pas calée en informatique, et en début d’année, je pense donner aux élèves la trame faites avec les couleurs, qu’ils compléteront eux-même. Comment fais-tu pour les faire sur ton ordi ?
Encore bravo pour cet article.
hirondL
Oups, bonsoir hirondl, ton message était passé inaperçu..
Je fais mes cartes mentales sur PUBLISHER (ou POWERPOINT) à l’aide de l’outil dessin.
Rétroliens : Parlons pédagogie positive…
Bonjour
Article très intéressant
J utilise les cartes mentales avec des élèves de bac pro essentiellement en synthèse de séance depuis 3 ans, la plupart adhèrent notamment les élèves en difficulté.
En début d année je prend un temps pour « traduire » en texte des cartes mentales car je me suis aperçu qu’ il n était pas simple pour certains de rédiger, construire des phrases réponse pour restituer ce qu’ ils avaient appris en mots/dessins…
Merci Céline pour ton échange de pratique