Mon zèbre au CM2 s’en va !

L’année du CM2 a été riche tant pour Tristan que pour moi. C’est une chance de pouvoir suivre ses élèves sur plusieurs années, alors son fils … On gagne beaucoup de temps sur les adaptations mises en place et qui marchent. Petit retour sur cette année de CM2 …

Le suivi extérieur

Pour Tristan, cette année est rythmée entre les rdv chez la psychologue qui le suit depuis plusieurs années, le CMP qui assure aussi un suivi psychologique et qui nous a bien aidé à chaque fois dans le renouvellement du GEVASCO. Je remercie le docteur qui a su trouver les mots justes pour appuyer le dossier de Tristan. Merci aussi à la référente de scolarité (MDPH) pour son soutien depuis de nombreuses années.

En octobre, la neuro-pédiatre nous envoie faire un bilan du sommeil et un examen du coeur nécessaire avant toute prise du fameux médicament. En janvier, elle nous reçoit et discute longuement avec Tristan. C’est elle qui lui explique son potentiel intellectuel : ses mots métamorphosent Tristan. En rentrant le soir, j’ai eu mon premier câlin, c’est dire !. Elle lui parle également de son trouble et de la solution que représente le médicament. Elle lui explique que dans son cerveau, il a un « chef d’orchestre » qui doit tout organiser mais pas de chance, car avec le trouble, le sien dort ! Le médicament va le réveiller. J’ai adoré cette explication. Le médicament agit sur une plage de 9 heures à 15h00 environ. Les effets indésirables agissent sur le sommeil ou l’alimentation. Malgré cela, nous sommes prêts et le démarrons aussitôt.

En début d’année, nous faisons également un bilan avec une ergothérapeute. Un suivi est mis en place pour préparer Tristan à l’utilisation du PC dès mars.

Tristan continue de voir son orthophoniste deux fois par semaine. Il n’est plus du tout le même enfant lors de ces rdv. Avant, il s’opposait et essayait de prendre le dessus. Maintenant, il suit les consignes et fait même de l’humour. Il est taquin.

En classe

Tristan bénéficie toujours d’une « aide humaine individuelle » de 15 heures. Il obtient également un SESSAD pour travailler les relations psycho-sociales. Honnêtement, cette aide arrive trop tard car les centres croulent sous les demandes et ne prennent pas des enfants trop âgés ou en fin d’élémentaire. Une porte qui se ferme, c’est dommage !

Comme nous travaillons en ceintures de compétences, Tristan évolue souvent avec l’aide de ses pairs. Le tutorat ou la relation duelle est un levier important dans ses apprentissages. Quand il n’est pas disponible, son AVS vient le recentrer dans les activités ou le suivi de ses parcours. Le fait de devoir jouer avant de passer à des activités écrites sur fiches est très intéressant pour des élèves comme Tristan qui a du mal à canaliser ses émotions. Avec ce dispositif, il doit aussi progresser pour aller au bout du jeu sans laisser ses émotions prendre le dessus ou le conflit s’installer. Dans tous les cas, Tristan progresse bien avec le dispositif des ceintures.

Le passage à l’écrit est toujours difficile. Nous fonctionnons avec des dictées aménagées (voir l’article sur les dictées à cadres). Là encore, Tristan prend confiance et peu à peu, il demande à aller plus loin dans la dictée. Je le laisse faire mais je le préviens qu’il y aura beaucoup plus d’erreurs. Il semble accepter l’idée et se sent fier d’écrire plus de mots. Je le félicite pour cette évolution sans mettre l’accent sur le nombre d’erreurs. Je sais que c’est l’exercice le plus difficile et le plus échoué pour lui. Ses angoisses arrivent souvent à ce moment-là. Soit je viens le rassurer avant, avec des mots bienveillants et encourageants, soit on décale la dictée de Tristan qui est faite de façon individuelle avec l’aide de son AVS, à l’écart du groupe classe.

La production écrite évolue aussi. Evidement, je ne regarde pas les fautes d’orthographe mais plutôt le contenu (les idées) et la forme. En fin de CM2, Tristan est évalué sur l’écriture d’une argumentation sur le choix de son personnage de cinéma préféré. Il réalise son écrit sans mettre la forme (paragraphes). Je lui fais remarquer et surprise, il recommence sa production. Il avait écrit une page déjà. Quel chemin parcouru, lui qui ne pouvait pas prendre un stylo vert pour corriger son travail en CE2 !! Les idées sont intéressantes et bien expliquées. Par contre, l’orthographe est encore celle d’un élève de CE1. Bravo Tristan !

Le médicament a transformé Tristan en l’aidant à se mobiliser dans les grandes activités écrites. C’est impressionnant ! Il y a eu quelques journées « bug » où on avait l’impression que ce dernier était inefficace et où nous avions une explosion des émotions. Vers 16h, l’effet s’estompe. Le soir, Tristan redevient lui-même et ça pulse ! Les changements d’attitude sont vraiment dingues en classe ! Le bilan est plus que positif sur le plan scolaire. Tristan ne se rend pas compte du changement et ne voit pas encore que le médicament lui rend service. Il est incapable de s’exprimer sur cela.

En fin d’année, nous avons cependant un souci : Tristan ne mange pas. Il reste devant l’assiette 15 minutes avant de se lancer et l’appétit est vraiment coupé. Il perd 3 kilos et tombe sous les courbes de croissance. Il est épuisé et les 11 semaines de classe ne l’aident pas ! Quel aberration ces rythmes scolaires ! Nous décidons d’arrêter le médicament vers le 20 juin pour l’aider à reprendre du poids. Les livrets d’évaluation sont heureusement bouclés. Nous avons l’été pour lui faire reprendre des forces.

La maman/maitresse

Trois année : j’ai été bien bousculée mais j’ai gardé le cap : bienveillance et fermeté. Le cadre est essentiel. Tristan a essayé à plusieurs reprises de jouer sur les sentiments : « je suis ton fils, tu dois me donner plus que les autres ». Je l’ai toujours recadré en le replaçant dans son statut d’élève. Nous avons souvent débriefé dans la voiture. Tristan a également été puni quand il allait trop loin. Tristan a parfois été dur avec moi surtout en janvier après le rdv avec la neuro- pédiatre : j’ai compris qu’il me reprochait son trouble. Nous avons beaucoup discuté sur tous les sujets, sans jamais être dans le déni. J’ai également expliqué que ce trouble n’était pas si grave… Il y a tellement plus grave ! J’ai peut être réussi à prendre du recul. Il est chouette mon zèbre ! Je ne vois plus tout ce qui va mal …

L’avenir

Mon bébé quitte le nid douillet de ma classe et vole vers de nouvelles aventures. Je suis angoissée à l’idée qu’il peine et perde tout ce qu’on a gagné durant ces dernières années. Le chemin sera dur mais je serai toujours là ! Cette fois, je ne serai que sa maman 😉 et je veillerai sur lui à chaque instant. Je ne me fixe pas de grands objectifs : le plus important est qu’il s’épanouisse au collège.

A l’heure où j’écris cet article, je ne sais pas si il aura l’aide matérielle demandée. Nous avons investi dans un petit PC pas cher avec les conseils de son ergothérapeute et nous allons travailler cet été pour qu’il soit opérationnel à la rentrée. Nous savons qu’il aura l’AVS pour 12 heures individuelles, c’est déjà cela. Nous avons également préparé son arrivée au collège : j’ai envoyé une longue lettre pour expliquer l’attitude de mon zèbre. A la rentrée, j’accompagnerai les collègues du collège en leur transmettant le mode d’emploi. J’espère qu’ils seront réceptifs.

Mon zèbre, j’ai tellement appris à tes côtés. Tu vas me manquer !

L’année prochaine, je repars avec de nouveaux challenges : CE2-CM1 avec de nombreux élèves à besoins. dans chaque niveau. J’espère être à la hauteur. mais mon expérience avec toi (et les autres élèves que j’ai suivis 2 ou 3 ans) m’a rendu plus forte. Merci mon Tristan !

A bientôt

PS : Je viendrai vous donner des nouvelles.

12 commentaires à propos de “Mon zèbre au CM2 s’en va !”

  1. Quelle force tu as, je t’admire. Quel bonheur ça a du être de voir tous ces progrès. Bonne route à Tristan et à toi pour l’année prochaine.

  2. J’ai lu cette année « tes aventures » avec « ton zèbre ». Quel superbe témoignage ! Je lui souhaite vraiment de rencontrer au collège une équipe qui saura l’accompagner aussi bien que tu l’as fait. Bon courage pour cette rentrée encore lointaine.

  3. Témoignage émouvant d’une maman maîtresse…
    Je m’y retrouve un peu, j’ai moi aussi eu mon fils dyspraxique dans la classe pendant 2 ans. Deux belles années durant lesquelles il a fallu concilier entre bienveillance et ténacité pour le faire progresser et qu’il comprenne qu’il était un élève « comme les autres ».

    Je te souhaite bon courage pour la suite et une belle réussite à ton zèbre.
    Ne rien lâcher, la route est longue mais un brevet mention très bien en récompense cette année…

  4. Magnifique….tes articles sont d’une richesse et d’une humanité….nul doute que tu seras à la hauteur…de bonnes pensées pour ton zèbre.

  5. J’ai la larme à l’oeil en te lisant.
    Magnifique témoignage plein d’amour.
    Bonne suite à Tristan dans sa vie de collégien toute nouvelle !

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